samedi 24 juin 2017

29 - Belle comme le brouillard

Ce qu'elle est, je l'ai déjà dit cent fois et cela se situe invariablement dans l’azur, au zénith et bien plus haut encore.

Mais décrire brièvement ce qu’elle n’est vraiment pas, voilà qui vous donnera une idée de ce qu’elle est réellement !

Elle est fort loin de la soupière, aux antipodes des artichauts, à l’opposé des arrosoirs. Elle n’est à l’image ni d’une marmite remplie de sauce tomate qui mijote dans la chaumière ni la figure d’un bocal de confiture aux allures de “vieille France”. Encore moins d’un pot de chambre. Elle n’est pas non plus un dimanche de sous-préfecture de la Creuse en plein été, pas plus une plage de sable de mortel ennui, et surtout pas un paysage tranquille de fleurs pleines de torpeur !

Elle est bien mieux que ces imbéciles pesanteurs qui comblent le coeur flasque des escargots indolents.

Alors revenons à ce qu’elle est manifestement.

Elle est l’illustration parfaite de ce qui échappe à l’attraction terrestre, de ce qui plane dans les sommets, de ce qui s’évapore entre Lune et aurore, de ce qui reste entre neige et rêve.

Bref, elle est tout le contraire de la pensée lourde.

Farrah Fawcett m’en met plein la vue ! Et moi, austère esthète enchaîné à l’éclat des étoiles, je gèle de ravissement face à ce cristal, à ce diamant, à cet iceberg.

Cet astre glacé qui ne chie que de la lumière me rend givré.

J’associe la beauté séraphique de Farrah Fawcett à l’idée de gouttières débordantes de flotte céleste, de toits ruisselants des pluies d’avril, de sillons trempés d’averses pré-printanières, de flaques d’eau argentées reflétant le ciel et ses nuages. Cette femme s’apparente aux tempêtes aqueuses des fins d’hiver, aux bourrasques rafraîchissantes des mois de labours, aux flots aériens qui noient la terre d’espoir pour y faire germer des betteraves.

Elle est comme un souffle de blancheur qui entretient la banquise dans son éternelle pureté : son essence c’est l’onde brute alliée au sucre raffiné, les parfums du matin mêlés de brumes, l’écume de l’océan sous le firmament.

Ange aux ailes de silex, Farrah Fawcett est un soleil nivéen, une lune congelée, un froid lumineux, une idée du Beau très au-delà des références humaines.

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lundi 19 juin 2017

28 - Une marche lumineuse

Je marchais sous un vent de feu.

Dans le ciel, de la poussière.

Dans ma tête, de l’azur. Sous ma semelle, du goudron fondu.

Mes pensées étaient fraîches et légères.

Et dans l’air chaud, je marchais, marchais... Et dans le jour embrasé, je marchais, marchais... Et sur cette route sans ombre, je marchais, marchais...

Je cheminais le front au soleil, le coeur plongé dans une onde apaisante. Ma peau était brûlante, ma gorge sèche, mes muscles fatigués. Mais mon esprit voguait ailleurs.

J’avais faim, j’avais soif, je cherchais le repos, l’ondée, et pourtant je marchais comme si je volais, de plus en plus insensible à la fournaise.

Ma chair était là mais mon âme était loin, perdue dans des sommets enneigés.

Je visais l’écume, le cristal, le bleu. Et je voyais sa face pleine de clarté.

Elle, l’étoile. Elle la femme aux yeux aériens, aux lèvres galactiques, elle la pharamineuse facette de cet Univers créé à l’image de Dieu...

Morte depuis tant d'années.

J’allongeais le pas sous un vent de feu. Arrivé devant sa tombe, épuisé, conscient de ses os, seul devant ses restes, je me désaltérai de son image.

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