mardi 24 juin 2014

15 - Neuf questions capitales à propos d'une morte

Un esprit curieux et avisé -le cerveau d’une femme pour être exact- ose me mettre face à ma propre lumière -ou à mon obscurité- en neuf questions percutantes, ambiguës, drôles, graves, légères, dérangeantes. J’y réponds avec d’autant plus de coeur.

1 - Si Farrah Fawcett avait eu votre âge et avait vécu en France, comment auriez-vous imaginé une possible histoire entre vous et elle ? Amoureuse, chaste, mystique ?

Apprenez que je n’ai pas le monopole esthétique de cette farce yankee. Et puis laissez donc à l’Amérique ses rêves de demi-déesses chevelues, ses pantins de fard et de toc, ses légendes d’artifice et ses héroïnes de strass, bref son imaginaire frelaté, scories étriquées d’un monde sans limite trop vite conquis par des déracinés. La France est avant tout un pays de fromages, de vignes et de vraie culture et votre belle Farrah Fawcett n’aurait pas fait long feu avec ses mèches trop vives pour notre pays à l’héritage plus olympien qu’hollywoodien ! Dans ces circonstances oubliez vite vos imbécillités romantiques. IZARRA n’est pas un moineau des sous-bois mais un aigle des hauteurs. Cela dit si Farrah Fawcett avait été française, fatalement elle aurait été moins américanisée et donc beaucoup plus hellène, ce qui est parfaitement normal en France.

2 - Imaginez une relation d'amour entre vous et l’inaccessible Farrah Fawcett... Sous quel signe verriez-vous cet hyménée ? Accomplissement, frustration, joie, cruauté ?

Je verrais cette aventure esthético-poétique sous le signe de l’élévation, de l’idéal, du divin. Ma véritable nature se révèle inévitablement sous l’effet de la lumière.

3 - On ne sait pas exactement quelles étaient les qualités morales de la magnétique créature qui vous fascine tant, mais lorsque vous songez à elle, quels sont les diamants que vous lui attribuez ?

Déesse par l’éclat, proche des Dupont par les moeurs, votre Farrah Fawcett tient autant de l’impératrice que de la gueuse. Sophistiquée d’un côté, commune de l’autre, comment voulez-vous que j’attribue à cette mortelle (déjà morte d’ailleurs) des vertus spéciales ? Sa vénusté, aussi stellaire fût-elle, malheureusement ne lui conféra pas la moindre grâce morale ou perfectibilité de l’âme. En théorie du moins... En effet je conçois aisément que dans les faits la flamme visible fasse naître la chaleur intérieure. C’est ce que j’appelle le “miracle de la beauté”. C’est le grand avantage pour une femme d’être née sous les baisers de Vénus. Pour répondre à votre question je dirais, finalement, que selon moi la fée avait des éveils radieux par-delà ses us roturiers.

4 - Pouvez- vous esquisser une scène d'amour onirique avec elle ?

Est-il question d’amour dans ma fascination pour ce défunt papillon sidéral ? Et pourquoi pas d’amourette pendant que vous y êtes ? Décidément vous sous-estimez l’esthète sublime que je suis !

5 - Pensez-vous qu'elle aurait aimé lire vos textes ?

Oui je crois. Ma plume répondant directement à sa clarté, Farrah Fawcett se serait vue à travers mes mots comme dans un parfait miroir, tel un soleil se reflétant sur un autre soleil. Dans ces cas-là il y a une “dynamique du Beau”. Pareillement à l’onde qui reflète le Ciel et engendre un autre azur, tout aussi infini.

6 - Laquelle de vos qualités aurait pu séduire l’extatique blonde ?

Aucune. Ou toutes. Je veux dire que mes qualités -comme mes défauts- sont si aiguës, si loin des herbes ordinaires qu’elles piquent comme des épines. Peu d’êtres savent m’apprécier dans mes sommets : je donne le vertige à trop de coeurs sensibles.

7 - Lequel de vos défauts aurait pu l'éloigner de vous ?

Mon excessive volonté de faire l’ange. Ma folie des grandeurs célestes. Mes délires de noblesse et de perfection me rendent glacial, inhumain, invivable.

8 - Pensez-vous que de là-haut, elle vous voie, vous entende ? Pensez-vous qu'elle soit charmée par votre izarrienne obsession de ses attraits éteints ?

Je ne pense rien à ce sujet. Je ne fais pas parler les trépassés. Je ne leur prête nulle oreille particulière, pas de regard souverain, pas plus de transports intimes. Ceux qui gisent en terre sont, dans l’autre monde, aussi légers, impalpables et essentiels que des poèmes. Errants pour certains, irradiants pour d’autres. Nos lourdeurs d’incarnés ne les intéressent guère je crois.

9 - Songez-vous a écrire un texte intitulé “LETTRE D’AMOUR Á FARRAH FAWCETT ?”

Pas le moins du monde. Je laisse ce genre de sujet insipide aux écervelés, aux sentimentaux et autres inconsistants peuplant ce monde de demi-vivants.

mardi 10 juin 2014

14 - Farrah, l'autre facette

La simple vue du visage vénusiaque de Farrah Fawcett fait systématiquement remontrer mes chaussettes avachies, figées par la force d’inertie de leur molle errance au niveau de mes orteils.

La vision béatifique de la face de cette fée morte depuis un lustre fait aussitôt durcir ma plume agitée et m’inspire les mots les plus vinaigrés de ma salade verbale.

Farrah Fawcett est une défunte vestale au regard sélénien paré de la lumière acide et éblouissante émanant du jus de citron, comme un coulis de feu sur un champ de tournesols. Lequel nectar citrique est irrémédiablement opposé au tiède jaune de la fade, ovale et banale banane tachetée que certains esprits peu avisés seraient tentés d’éplucher pour évoquer cette enfant d’Hélios.

Je n’associe point cette Eve yankee au doucereux, sédatif et lactescent fruit oblongue mais à l’éclat piquant du soleil aqueux qui fait briller nos assiettes de laitue.

Le citron, non la banane, tel est l’astre horticole ceignant son front hier palpitant, aujourd’hui sous la tombe !

Les traits stellaires de la vive texane devenue ossements éclaire mon âme d’une flamme pareille à celle donnant le sourire aux citrouilles de nos jardins, le dernier soir d’octobre.

C’est l’autre facette de Farrah que je présente en ces termes. L’aspect différent, vrai, cru, vif, celui des lettres, astral et irradiant, nivéen et brûlant, de la fosse où gisent ses restes pour la terrestre éternité.

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